Depuis la parution de la dernière lettre au temps de Pâques, que d’événements ont encore marqué l’histoire de notre Œuvre désormais devenue un centre d’intérêt universel : preuve de plus, s’il en était besoin, que les hommes de notre temps se passionnent encore pour les problèmes religieux et que ces problèmes ont encore dans notre société un impact beaucoup plus important qu’on le croit généralement.
Chers Amis et Bienfaiteurs,
Depuis la parution de la dernière lettre au temps de Pâques, que d’événements ont encore marqué l’histoire de notre Œuvre désormais devenue un centre d’intérêt universel : preuve de plus, s’il en était besoin, que les hommes de notre temps se passionnent encore pour les problèmes religieux et que ces problèmes ont encore dans notre société un impact beaucoup plus important qu’on le croit généralement.
A l’annonce de ces événements, un grand nombre d’entre vous nous ont fait part de leur peine, de leur indignation, de leur sympathie, parfois de leurs inquiétudes ; tous nous ont assuré de leur fervente prière. Des milliers de lettres et télégrammes nous sont parvenus. Il nous a été impossible matériellement d’y répondre. Veuillez trouver dans ces lignes l’expression de notre profonde gratitude. Puissent-elles être aussi pour vous une source d’encouragement et d’espérance !
Pour vous aider à faire comprendre à des personnes qui nous connaissent peu les raisons de notre attitude, nous insistons sur deux motifs qui nous paraissent très importants : l’aspect disciplinaire et l’aspect théologique ou de la foi.
On ne condamne pas sans jugement et on ne peut juger si la cause n’a pu être entendue dans des formes qui assurent sa parfaite et libre défense devant un tribunal. Or nous avons été condamnés sans jugement, sans pouvoir plaider notre cause, sans comparaître devant un tribunal. De cette condamnation arbitraire et tyrannique de la Fraternité Saint Pie X et de son séminaire découlent l’interdiction des ordinations et la suspense qui m’atteint personnellement. Constatant la nullité évidente de la première sentence, je ne vois pas comment les sentences qui en sont la suite pourraient être valides. C’est pourquoi nous ne tenons aucun compte des décisions d’une autorité qui abuse de son pouvoir. A la rigueur s’il ne s’agissait que d’un problème juridique et si ces sentences injustes n’atteignaient que nous personnellement, nous pourrions nous y soumettre par esprit de pénitence. Mais à cet aspect juridique s’ajoute un motif beaucoup plus grave, celui de la sauvegarde de notre foi.
Ces décisions, en effet, nous contraignent à nous soumettre à une orientation nouvelle dans l’Eglise, orientation qui est le fruit d’un « compromis historique » entre la Vérité et l’Erreur.
Ce « compromis historique » s’est opéré dans le Concile par l’acceptation des idées libérales, mises en œuvre après le Concile par des hommes d’Eglise libéraux qui ont réussi à prendre les leviers de commande dans l’Eglise.
Il se concrétise par le dialogue avec les protestants qui a conduit à la réforme liturgique et aux décrets concernant l’hospitalité eucharistique et les mariages mixtes ; dialogue avec les communistes qui aboutit à livrer des nations entières au socialisme et au marxisme comme Cuba, le Vietnam, le Portugal et bientôt l’Espagne, sinon l’Italie ; dialogue avec les francs-maçons qui conclut à la liberté des cultes, la liberté de conscience, la liberté de pensée, c’est-à-dire à l’étouffement de la Vérité et de la Morale par l’Erreur et l’Immoralité.
C’est à cette trahison de l’Eglise qu’on voudrait nous faire collaborer en nous alignant sur cette orientation maintes fois condamnée par les successeurs de Pierre et par les précédents conciles.
Nous refusons ce compromis pour être fidèles à notre foi, à notre baptême et à notre seul roi Notre Seigneur Jésus-Christ.
C’est pourquoi nous continuons à ordonner ceux que la Providence oriente vers notre Séminaire, après leur avoir donné une formation pleinement conforme à la doctrine de l’Eglise et fidèle au magistère des successeurs de Pierre.
Nous aurons en principe 14 nouveaux prêtres cette année et nous recevrons 35 nouveaux, dont 4 postulants frères. Nous avons la joie d’accueillir quelques Italiens et quelques Belges. Tous ces aspirants suivent actuellement la retraite d’ouverture de l’année scolaire.
Pendant ce temps s’aménagent lentement nos prieurés, dont trois deviendront actifs au cours de 1977. Nous sommes réclamés partout. Les groupes de catholiques fidèles augmentent considérablement et les prêtres ne sont pas assez nombreux.
Nous comptons bien sur votre soutien matériel et spirituel pour nous permettre de continuer l’œuvre la plus nécessaire pour la vraie rénovation des âmes : la formation de vrais prêtres, sans oublier la formation de religieux et religieuses.
Le 26 septembre dernier, deux frères faisaient profession et deux prenaient l’habit, tandis que le 29 nous avions la satisfaction de recevoir la profession de la première religieuse de la Fraternité sœur Marie Michel, d’origine australienne, et de bénir la vêture de trois postulantes américaines. Huit nouvelles se sont présentées au postulat le 20 septembre dernier.
Nous ne sommes par les seuls, heureusement, à maintenir la saine tradition de l’Eglise dans ce domaine. Les noviciats d’hommes et de femmes se multiplient, malgré les épreuves qu’ils subissent de la part de ceux qui devraient les bénir.
Avec le secours de Jésus, de Marie, de Joseph, nous espérons que le dénouement de la persécution que nous subissons injustement approche. Dieu n’abandonne pas son Eglise, même s’il permet qu’Elle continue à subir la Passion de son Divin Fondateur.
Que dans tous les domaines nous fassions régner Notre Seigneur Jésus-Christ ! C’est là notre programme.
Que Dieu vous bénisse par l’intermédiaire de Notre Dame du Rosaire.
+ Marcel LEFEBVRE
7 octobre 1976