De l'apostolat des missions à l'apostolat de la prière

Le Père Henri Ramière, qui va reprendre l’œuvre de « l’Apostolat de la Prière » fondée par le père Gautrelet.

En 1844, au collège des Jésuites du Puy, le Père François-Xavier Gautrelet encourage les séminaristes impatients à partir en mission, à être déjà des missionnaires dans leurs études, par la prière et l’offrande quotidienne de leur vie, en union avec Jésus-Christ dans l’Eucharistie. Le 3 décembre 1844, en la fête de saint François Xavier, il prononce l’exhortation célèbre d’où naît « l’Apostolat de la Prière »(AP).

 

En 1865, Pie IX lance un appel à l’aide aux catholiques. Le Père Cros entérine l’idée du Père Gautrelet et explique aux jeunes qu’ils peuvent être des zouaves du Pape à leur manière, par leurs prières, leurs heures de silence, leurs sacrifices et leurs communions. En1870il fonde la « Milice du Pape »en écho aux zouaves pontificaux venus défendre Pie IX et son domaine temporel lors de la constitution politique de l’Italie. Il organise dans le Sud-Ouest de la France cette « Milice du Pape », destinée à promouvoir chez les enfants le sens de l’Eucharistie et de l’offrande afin de soutenir spirituellement le pape.

C’est ensuite le Père Henri Ramière, qui va reprendre l’œuvre de « l’Apostolat de la Prière »fondée par le père Gautrelet.

Après avoir fait ses études aux collèges Jésuites à Pasaia (Espagne) et à Fribourg (Suisse), Henri Ramière entre au noviciat de la Compagnie de Jésusau Puy en Velay où il est ordonné prêtre le 10 janvier 1847. Il est d’abord nommé en Angleterre où il enseigne la philosophie, mais ses supérieurs le rappellent en France pour lui confier, en 1853, la direction des hautes études au séminaire Jésuite du Puy. Il y restera jusqu’en 1864. Durant cette période, il réorganise « l’Apostolat de la Prière ». Sa dévotion profonde le pousse à fonder, en 1861, « Le Messager du Cœur de Jésus », publication mensuelle dont il restera le directeur très actif jusqu’aux derniers moments de sa vie. L’Œuvre de « l’Apostolat de la Prière »s’installe ensuite à Toulouse.

Le Père Ramière, demande à Pie IX d’accorder sa bénédiction à cette milice. Dans la lettre qui accompagne sa demande, il explique : que ce mouvement est adapté aux jeunes chrétiens pour défendre la cause du Saint-Siège, et qu’il attire la paix par ses armes propres qui sont la communion fréquente et les heures offertes à cette intention. À ce moment, « l’Apostolat de la Prière »compte déjà 100 000 membres partout dans le monde et là où elle est présente, la participation à la vie sacramentelle s’accroît. En vingt-cinq ans, on dénombrera treize millions d’Associés.

C'est de « l’Apostolat de la Prière », œuvre s'adressant aux adultes, que date la prière d'offrande que reprendra plus tard la Croisade Eucharistique :

Divin Cœur de Jésus, je vous offre, par le Cœur Immaculé de Marie, les prières, les œuvres et les souffrances de cette journée, en réparation de mes offenses, et à toutes les intentions pour lesquelles vous vous immolez continuellement sur l'autel.

En 1869, Le Père Ramière est invité à participer au concile Vatican I. Il y concourt comme théologien et conseiller ecclésiastique de Mgr Joseph Gignoux, évêque de Beauvais, et à titre de procureur du cardinal Alexis Billiet. Il rédige à Rome le « Bulletin du concile ».

De 1870 à 1873 lors de l’invasion Prussienne, la publication du« Messager du Cœur de Jésus »joue un rôle considérable dans « l’Œuvre du Vœu national »prélude à la construction de la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre.

En1875, le Père Ramière rentre au Puy comme directeur des hautes études catholiques. Mais, en 1877, la fondation de l’Institut catholique le rappelle à Toulouse. Sa santé faiblissant, il se retire dans la maison du « Messager du Cœur de Jésus ». En 1881, a lieu le1er Congrès international de Lille où l’on met en évidence que « l’Apostolat par la Prière est une Croisade Eucharistique permanente ».

En 1883, le Père Ramière entreprend une campagne en faveur de la communion mensuelle afin que les jeunes qui fréquentent les écoles primaires publiques et libres puissent profiter des sacrements.

Le Père Ramière meurt d’une congestion, le 3 janvier 1884 à Toulouse, au siège, alors qu’il s’apprêtait à célébrer la messe. Le pape Léon XIII lui nomme un successeur par décision du 20 janvier 1884.

 

« Messager du Cœur de Jésus »

Émile Régnault prend la direction du « Messager du Cœur de Jésus » et du « Petit Messager du Cœur de Marie », les deux revues mensuelles servant d’organes officiels à l’Œuvre de « l’Apostolat par la Prière »

De 1911 à 1914, le jésuite Albert Bessièresfonde des « ligues eucharistiques » dans plusieurs diocèses de France pour assurer la mise en application des décrets eucharistiques du pape Pie X de 1905 et de 1910 sur la communion eucharistique fréquente et sur la communion eucharistique précoce, à partir de l’âge de raison.

À la demande de l’évêque de Vannes, le P. Bessières vient dans ce diocèse en mai 1914 pour y fonder des ligues eucharistiques. Il prêche ainsi à Lorient, Vannes et Auray. Aux personnes présentes, il distribue un règlement. Madame Martin de Kergurione, assiste à toutes les réunions d’Auray et de Vannes. Lors de la déclaration de guerre en 1914, elle publie un feuillet de quatre pages s’intitulant « Appel aux enfants », destiné à soutenir l’élan patriotique par la prière des enfants :

« Vous êtes trop jeunes encore pour lui donner votre sang ; mais vous pouvez la défendre autrement. Les armes les plus puissantes pour obtenir la victoire, vous les avez entre les mains : prière, sainte Messe, Communion, petits sacrifices et actes de vertu, voilà les armes avec lesquelles vous allez lutter avec courage pendant cette guerre si meurtrière. « Aux armes donc, petits soldats du Christ ! »

Parallèlement une autre initiative est lancée à Bordeaux, par une religieuse appartenant à la congrégation de Sainte-Clotilde dont les membres, étaient appelés « Dames de Sainte-Clotilde »en raison des lois françaises de l’époque contre les congrégations religieuses. Quand éclate la Première Guerre mondiale, Sœur Marie de la Présentation enseigne en classe de Quatrième au cours Saint-Seurin, à Bordeaux, à 19 filles âgées de 13 à 14 ans.

En décembre 1914, elles écrivent au général Paul Pau (1848-1932) qui avait mené, en août, une offensive victorieuse en Alsace avec la prise de Mulhouse. Elles l’assurent de leur soutien et lui promettent prières et communions eucharistiques pour la victoire. Celui-ci leur répond et les remercie.

Suite : le général Édouard de Castelnau